La dissonance tonale : l'art de la tension harmonique

Créer une atmosphère envoûtante à la guitare passe souvent par l’exploration de la dissonance dans le respect d’une tonalité donnée. Cette approche, que l’on pourrait qualifier de « belle dissonance », consiste à construire des arpèges et des riffs utilisant des intervalles tendus comme les secondes, les tritons et les septièmes, tout en restant diatonique. L’idée maîtresse est de trouver, au sein d’une tonalité, les notes qui génèrent ces intervalles caractéristiques. Par exemple, en la mineur en mode dorien, les secondes mineures se trouvent entre B-C et E-F, tandis que les tritons apparaissent entre F et B. Le résultat ? Une sonorité rêveuse et nostalgique, mais avec une tension sous-jacente qui captive l’auditeur.
Cette technique s’applique aussi bien aux progressions en majeur qu’en mineur. En sol majeur, on peut créer des accords luxuriants en superposant secondes, tritons et septièmes autour de la tonique. La septième majeure entre sol et fa dièse, combinée au triton entre fa dièse et do, puis à la seconde mineure entre do et si, génère une richesse harmonique subtile. Le déplacement d’octaves de certaines notes permet ensuite de créer des voicings plus larges et des variations mélodiques intéressantes, tout en conservant les mêmes relations d’intervalles.
Pour explorer davantage, il suffit de partir de simples accords majeurs ou mineurs et d’y ajouter des extensions : neuvièmes, quartes, sixtes. Un Am(add9), un Cmaj(add#4) ou un Bm(add11/b9) illustrent parfaitement comment ces notes supplémentaires créent instantanément plus d’évocation et de profondeur. L’approche demande de la précision et de la clarté dans l’exécution, particulièrement lorsque les changements de mesure ou les mouvements rapides sur le manche s’en mêlent. L’invitation est claire : expérimenter ces intervalles, les combiner à votre manière, et découvrir les chemins musicaux qu’ils ouvrent.
Source originale : Premier Guitar