La basse électrique est l’une des plus grandes innovations de la musique moderne, et Fender l’a démocratisée auprès des masses. Pourtant, cet instrument a longtemps été traité comme un parent pauvre, notamment parce que tout guitariste peut s’en emparer sans difficulté majeure. Après tout, elle utilise les quatre cordes les plus graves de la guitare, et les parties de basse se résument souvent à jouer la fondamentale et quelques notes de passage. Cependant, cette apparente simplicité cache une complexité bien réelle.

La vraie révélation arrive lors d’une répétition de groupe, quand l’auteur, guitariste de treize ans, doit remplacer le bassiste absent. En branchant une Gibson EB-2 sur un ampli Baldwin bleu électrique, il découvre une puissance brute insoupçonnée sous ses doigts. Cette expérience transforme sa perception musicale. En écoutant désormais les enregistrements avec attention, il comprend comment la basse et la batterie forment le socle rhythmique de la musique, tissant ensemble une fondation indissociable. Des timbres qu’il attribuait à la basse seule se révèlent être le fruit d’une alchimie entre plusieurs instruments.

Cette prise de conscience l’incite à explorer d’autres disciplines musicales. Il recommande vivement à tout musicien d’expérimenter la batterie ou le clavier : mieux comprendre différentes disciplines rend meilleur musicien, producteur ou ingénieur du son. Cette vision holistique de la musique a d’ailleurs influencé son travail ultérieur de luthier. L’histoire des grands guitaristes reconvertis en bassistes—Paul McCartney, Geezer Butler, Carol Kaye ou Tal Wilkenfeld—le confirme : la basse n’est pas une rétrogradation, mais une autre facette de l’excellence musicale. Aujourd’hui, il se considère comme un guitariste réformé, heureux d’avoir découvert sa véritable voie par le hasard.

Source originale : Premier Guitar